« Songs in the Key of Life » est le 18ᵉ album studio de Stevie Wonder, sorti en 1976. Considéré comme l’un des meilleurs albums de l’histoire de la musique populaire, cet album double vinyle est un chef-d’œuvre de la musique soul et de la fusion jazz-funk. C’est un de mes préférés, avec The secret life of plants, depuis ma tendre enfance.
La genèse de l’album
Après le succès de son album précédent, « Fulfillingness’ First Finale », Stevie Wonder a commencé à travailler sur un nouvel album qui allait s’avérer être l’un des projets les plus ambitieux de sa carrière. Quelques années plus tôt il eut un grave accident :
En août 1973, Stevie Wonder a été impliqué dans un accident de voiture sur la Pacific Coast Highway à Los Angeles. Il a été gravement blessé, souffrant d’une commotion cérébrale et de plusieurs fractures. Cet accident aurait pu mettre fin à sa carrière musicale, mais Stevie Wonder a trouvé le courage et la force de se remettre de ses blessures.
Pendant sa convalescence, il a commencé à travailler sur son album « Innervisions », qui a été publié l’année suivante. L’album a été un énorme succès critique et commercial, et a établi Stevie Wonder comme l’un des artistes les plus talentueux et les plus influents de sa génération.
L’accident de voiture a également eu un impact sur la musique de Stevie Wonder. Après l’accident, il a commencé à expérimenter avec des instruments électroniques, tels que le clavier ARP Odyssey et le synthétiseur ARP 2600. Ces instruments ont été utilisés pour créer le son distinctif de l’album « Innervisions », ainsi que d’autres albums à venir.
En fin de compte, l’accident de voiture de Stevie Wonder a été un moment décisif dans sa carrière musicale. Non seulement il a surmonté ses blessures pour continuer à créer de la musique incroyable, mais il a également découvert de nouveaux sons et de nouvelles techniques qui ont contribué à façonner son style musical unique et avoir une incidence peu après pour son album Songs in the Key of Life.
Composition de l’album
« Songs in the Key of Life » comprend un total de 21 chansons, chacune offrant une expérience musicale unique. L’album s’ouvre avec « Love’s in Need of Love Today », une chanson qui offre un message d’amour et d’unité. L’album continue avec des chansons telles que « Sir Duke », un hommage aux musiciens de jazz, et « I Wish », une chanson funky sur les souvenirs d’enfance.
L’enregistrement de l’album a pris plus de deux ans, donc juste après son accident de voiture. Il a été enregistré dans plusieurs studios différents, notamment le Crystal Sound à Hollywood, le Record Plant à New York et le Electric Lady à New York, avec différents musiciens en fonction des studios. Par exemple, le bassiste Nathan Watts a joué sur la plupart des morceaux enregistrés à Los Angeles, tandis que le bassiste Reggie McBride a joué sur les pistes enregistrées à New York. Stevie Wonder a travaillé avec de nombreux musiciens talentueux sur l’album, y compris Herbie Hancock, George Benson, Minnie Riperton, et Michael Sembello, ainsi que la participation d’un chœur formé par les chanteurs Josie James, Gloria Barley, et Jim Gilstrap pour la chanson As, ma préférée avec Pastime Paradise.
As
Dans la chanson « As », le piano Rhodes est joué par Herbie Hancock, un célèbre pianiste et claviériste qui a travaillé avec Stevie Wonder sur plusieurs projets au fil des ans. Le piano Rhodes est un élément clé du son de la chanson, ajoutant une texture chaleureuse et vibrante à la mélodie. Le solo de piano Rhodes de Herbie Hancock dans la chanson est un moment de la chanson qui est souvent souligné pour son excellence musicale et son émotion.
- Stevie Wonder : chant, piano acoustique
- Nathan Watts : basse
- Raymond Pounds : batterie
- Michael Sembello : guitare
- Ben Bridges : guitare
- Hank Redd : saxophone alto
- Trevor Laurence : saxophone ténor
- Josie James, Jim Gilstrap et Lani Groves : chœurs
- Herbie Hancock : piano Rhodes
Raymond Pounds a commencé à jouer de la batterie dès son plus jeune âge et a étudié la musique à l’Université de l’Illinois. Il a commencé sa carrière professionnelle en jouant avec des groupes locaux à Chicago, avant de déménager à Los Angeles pour poursuivre des opportunités de travail dans l’industrie musicale.
Au fil des ans, Pounds a travaillé avec de nombreux artistes célèbres, notamment Michael Jackson, Stevie Wonder, Barbra Streisand, Lionel Richie, Quincy Jones, Whitney Houston, Phil Collins, Earth, Wind & Fire, et bien d’autres. Il a également joué sur plusieurs bandes sonores de films, dont « Ghostbusters » et « The Color Purple ».
Pounds est admiré pour son style de jeu polyvalent et groovy, qui incorpore des éléments de funk, de jazz et de rock. Il est particulièrement connu pour son utilisation créative de la caisse claire et des cymbales, qui lui permettent de créer des grooves rythmiques puissants et entraînants.
Have a talk with God
La chanson « Have a Talk with God », comporte plusieurs éléments de synthétiseur intéressants. Bien que la plupart des parties de synthé de la chanson soient jouées par Stevie Wonder lui-même, il y a également eu la participation de Michael Boddicker, un célèbre musicien et programmeur de synthétiseur.
L’un des éléments les plus distinctifs de la chanson est le son de synthé « clavinet » qui joue le motif de basse tout au long de la chanson. Le clavinet est un instrument électrique qui produit un son similaire à celui d’un clavecin, mais avec une plus grande expressivité et une plus grande variété de sonorités. Les cordes sont frappées avec des marteaux plutôt que pincées comme dans un clavecin, ce qui permet une plus grande dynamique et un plus grand contrôle du son. Il est généralement équipé d’un système de micros qui amplifie le son des cordes. Les micros peuvent être réglés pour produire différents types de sons, allant d’un son propre et clair à un son plus sale et saturé.
Le clavinet a une disposition de touches similaire à celle d’un piano, avec des touches blanches et noires. Cependant, chaque touche est équipée d’un interrupteur qui active ou désactive la corde correspondante. En conséquence, le clavinet peut être joué avec une grande variété de techniques, y compris le jeu de notes répétées (comme dans le funk) et le jeu de notes percussives (comme dans le rock).
Les modèles les plus populaires de clavinet sont le Clavinet D6 et le Clavinet E7, produits par la société allemande Hohner. Stevie Wonder a été un utilisateur prolifique du Clavinet, et de nombreux autres musiciens célèbres, tels que Herbie Hancock, Steely Dan et Billy Preston, ont également utilisé cet instrument dans leur musique.
Le livret de Songs in the Key of Life
Le nom officiel du livret interne de l’édition vinyle de « Songs in the Key of Life » est « The Words and Music of Stevie Wonder’s Songs in the Key of Life ». Il contient les paroles de toutes les chansons de l’album, ainsi que des photos, des illustrations et des poèmes. Ce livret est souvent considéré comme un ajout important à l’album, car il permet aux auditeurs de se plonger plus profondément dans les thèmes et les messages de chaque chanson. Le livret est également inclus dans les éditions CD et numériques de l’album.
Utilisation de synthétiseurs
« Songs in the Key of Life » est un album qui a utilisé une grande variété d’instruments, notamment des synthétiseurs, pour créer une expérience sonore unique, tels que le Yamaha GX-1, le ARP Odyssey, le Minimoog et le TONTO, pour créer des sons qui allaient de la douceur de la harpe à la rugosité des guitares électriques.
Le Yamaha GX-1 a été l’un des synthétiseurs les plus utilisés sur l’album, créant des sons orchestraux complexes et des nappes sonores riches. Le ARP Odyssey a également été utilisé pour créer des sons synthétiques, spécialement le son caractéristique de la chanson « Village Ghetto Land ».
Le Minimoog a été utilisé pour créer des basses lourdes et des sons de synthé funky, surtout sur les chansons « I Wish » et « Pastime Paradise ». Le TONTO a de plus été utilisé pour créer des sons uniques et complexes, notamment le son qui ouvre la chanson « Contusion ».
Le TONTO
Stevie Wonder a découvert le TONTO lorsqu’il travaillait sur l’album « Music of My Mind » en 1972. À l’époque, il était en train d’explorer de nouveaux sons et de nouvelles textures pour sa musique, et il cherchait un synthétiseur qui pourrait l’aider à réaliser sa vision créative.
On voit le TONTO aussi dans le film Phantom of the Paradise :
C’est à ce moment-là que Stevie Wonder a rencontré les concepteurs du TONTO, Malcolm Cecil et Robert Margouleff. Les deux hommes ont été impressionnés par son talent et ont décidé de lui montrer leur système de synthétiseur modulaire massif. Stevie Wonder a immédiatement été fasciné par le potentiel créatif du TONTO, et il a commencé à travailler avec eux pour l’intégrer à sa musique.

Les trois hommes ont passé des heures à explorer les différents modules du synthétiseur et à créer des connexions personnalisées entre eux pour produire des sons uniques et complexes.
Le résultat de leur travail a été entendu pour la première fois sur l’album « Music of My Mind », qui a été salué comme une percée dans l’utilisation de synthétiseurs dans la musique populaire. Depuis lors, le TONTO est devenu légendaire dans le monde de la musique pour sa capacité à produire des sons uniques et complexes, et il est considéré comme l’un des synthétiseurs les plus importants de l’histoire de la musique.
Pastime Paradise
« Pastime Paradise » est l’une des chansons les plus emblématiques de l’album « Songs in the Key of Life » de Stevie Wonder. La chanson est une œuvre de génie qui utilise des paroles poignantes et une instrumentation complexe pour raconter l’histoire de la vie dans une société en mutation.
La chanson parle de personnes qui ont passé la plupart de leur vie à vivre dans un passé idéalisé, ou dans un futur idéal qui n’arrivera peut-être jamais. Elles ont cherché le bonheur sans jamais vraiment le trouver, et se sont souvent tournées vers des illusions ou des souvenirs du passé pour trouver un sens à leur vie.
La chanson évoque également la recherche de l’amour et de l’espoir dans un monde qui peut sembler dénué de sens ou de direction, ainsi que la lutte contre la guerre et pour la paix. La chanson se termine sur une note d’espoir, malgré tout, en suggérant que même dans un monde imparfait, il reste toujours de la place pour la beauté et la bonté.
Composition de la chanson
La chanson commence avec un arrangement complexe de synthétiseurs et de cordes, créant une ambiance mystique et atmosphérique. Les paroles de la chanson abordent des thèmes profonds tels que l’injustice sociale, la pauvreté et la violence. La mélodie est tirée du célèbre morceau classique « Pavane pour une infante défunte » de Maurice Ravel.
Anecdotes sur la chanson
Selon Stevie Wonder, la chanson « Pastime Paradise » a été inspirée par les émeutes de Watts à Los Angeles en 1965. Il a déclaré que la chanson était un appel à la paix, à l’unité et à l’égalité dans une société en crise.
La chanson a été échantillonnée par Coolio en 1995 pour son tube « Gangsta’s Paradise », qui a remporté un énorme succès commercial à travers le monde. La version de Coolio a également été utilisée dans le film « Dangerous Minds », ce qui a contribué à populariser la chanson auprès d’une nouvelle génération d’auditeurs.
Réception de l’album Songs in the Key of Life
« Songs in the Key of Life » a été un énorme succès commercial et critique, remportant plusieurs Grammy Awards et atteignant la première place du Billboard 200. Il est considéré comme l’un des albums les plus influents et les plus importants de l’histoire de la musique, et son impact sur la musique populaire est encore ressenti aujourd’hui.
En conclusion, « Songs in the Key of Life » est un album de Stevie Wonder qui a repoussé les limites de la musique soul et a exploré de nouveaux territoires sonores. Avec l’utilisation de synthétiseurs et de multiple autres instruments.